Depuis le début de l’année 2024, la tendance est à la baisse pour les taux appliqués aux crédits immobiliers. Ils étaient plutôt élevés en janvier : autour de 4% pour les crédits sur vingt ans. En mars, ils étaient aux alentours de 3,8%. Leur décroissance a continué pour atteindre, en juin, 3,30% sur quinze ans, 3,45% sur vingt ans et 3,55% sur 25 ans. Ils sont donc en recul pour le sixième mois consécutif. De plus, ce 6 juin, la Banque Centrale Européenne a baissé ses taux directeurs, une première depuis 2019. En effet, le taux sur les dépôts qui avait atteint 4% en septembre a été ramené à 3,75%. Dès lors, un prolongement de la baisse des taux d’intérêts appliqués aux crédits est à prévoir ce qui devrait avoir un effet positif pour le marché immobilier et des crédits. En outre, d’après les prévisions de 80 économistes interrogés par Reuters (agence de presse consacrée à l’information financière), la Banque Centrale Européenne devrait réduire à nouveau ses taux en septembre et décembre 2024.
Pourtant il est possible qu’un autre facteur entraîne une conséquence inverse sur le niveau des taux sur le marché français. En effet, la dissolution de l’Assemblée nationale à la suite des élections européennes a entraîné une instabilité politique dans le pays. Avant les résultats du deuxième tour des élections législatives anticipées ce 7 juillet, l’extrême droite était aux portes du pouvoir exécutif. Or, un parti de cette mouvance politique a tendance à effrayer les marchés comme nous l’a montrée l’arrivée de Madame Giorgia Meloni en tant que présidente du conseil de l’Italie en 2022. C’est pourquoi le président de la République Emmanuel Macron avait déclaré le 12 juin : « Si le Rassemblement national venait aux responsabilités, que deviendraient vos prêts immobiliers ? Ils vont flamber, parce que les taux vont flamber. » En outre, même si le Rassemblement national ressort perdant de ce second tour, l’instabilité politique qui a découlé de la dissolution et d’une campagne tendue pourrait déjà avoir effrayé les marchés ce qui aurait pour conséquence une remontée des taux. En effet, suite à la dissolution de la chambre basse du Parlement français, le taux sur les Obligations Assimilables du Trésor (OAT) a augmenté de 0,5%.
Ainsi, le niveau des taux d’intérêts appliqués au crédit immobilier reste incertain pour la rentrée 2024. Avant la dissolution de l’assemblée, les prévisions établissaient qu’ils atteindraient un niveau bas : autour des 3%. Pourtant, l’incertitude politique pourrait modifier ces prévisions. Dès lors, la politique monétaire n’est pas le seul déterminant du niveau des taux appliqués par les banques commerciales. Certains mécanismes comme les contextes politique et économique sont très puissants dans la détermination des taux d’intérêts appliqués au crédit immobilier.